Le Jardin Philosophe

Annus horribilis

 

Une année à nulle autre pareille

Comment décrire cette année sinon par cette expression « Annus horribilis » ?

Nous avons, depuis l’automne 2021, une situation inédite, avec un déficit de pluie très important (jusqu’à 50% de moins de précipitation par endroit, des fois plus encore).

Nous avons un ensoleillement important avec des températures qui ne sont pas vraiment descendues pendant tout l’hiver.

Nous avons un gel fort et tardif qui vient anéantir tout espoir d’avoir des abricots, des amandes et aussi des cerises. Nous en aurons entre 10 et 15 sur certains arbres fruitiers.

Nous avons une accentuation du déficit pluviométrique au moment où plantes, arbustes et arbres demandent de l’eau.

Nous avions un espoir d’avoir des pommes, poires et coings, anéanti aussi par le manque d’eau.

Nous avions certains arbres avec des prunes, qui ont tourné en 2 jours seulement quand les températures sont montées au dessus des 40°C à l’ombre.

Nous avions des muriers sans épines plein de mûres, elles aussi éradiquées en une journée sous la chaleur écrasante et le manque d’eau.

Que dire de plus, parlons des cultures annuelles…

Et là aussi, celles et ceux qui espèrent pouvoir cultiver sans eau se mettent le bras dans l’œil.

Pas de haricots, pas de pois, pas de choux (et impossible de lancer des semis avec ce temps trop chaud et sec, car aucun espoir de les planter ensuite dans des conditions favorables), les courges ont essayé mais souffrent horriblement. Nous avons d’ailleurs déjà récolté une bonne partie des potimarrons et des giraumons.

Les courgettes, après avoir résisté comme elles ont pu, sont en train de nous lâcher, doucement mais sûrement, même avec un apport en eau de notre part, pas suffisant pour compenser la sécheresse.

Seules les cultures concentrées dans 2 de nos serres résistent, car nous apportons de l’eau quotidiennement.

Même ce qui est rustique ou pouvant se débrouiller avec un minimum d’eau a du mal à s’en sortir.

Nous avons nos topinambours, dans le sol constamment (nous ne prélevons que quand nous en avons besoin), les éliantis aussi, qui flanchent depuis 1 mois, c’est malheureux à voir.

Pas assez de profondeur de sol, pas assez d’eau, des températures extrêmes par vague depuis le mois de Mai, tous les mois, et encore en ce moment avec des températures de jour qui ne descendent plus en dessous des 30°C à l’ombre.

Tous ces facteurs réunis donnent les résultats actuels.

Et pour finir, les pommes, poires et coings tant espérés, ne seront pas au rendez-vous, les poiriers perdent leur feuilles, les pommiers ont perdu quasiment tous leurs fruits et ceux qui restent sont minuscules, et les coings se compteront sur les doigts des 2 mains au maximum.

Mais le manque d’eau actuel fait aussi ressortir autre chose, c’est que la végétation et les animaux ne sont pas les seuls à souffrir, les insectes aussi.

Ils s’attaquent donc, méthodiquement, aux fruits restants, aux tomates aussi, pour avoir de quoi survivre. Et comme il en reste peu, inévitablement, la récolte diminue les jours passant.

Jamais depuis que nous faisons nos cultures nous n’avions connu une année comme celle-ci, jamais.

Nous avons connu des années sèches, pluvieuses (2021), avec peu de soleil, avec un gel très fort (mais en hiver), mais 2022 les surpasse toutes.

Cette année, le bilan des récoltes est catastrophique.

Nous assurons seulement une partie de notre consommation quotidienne de légumes, pas plus.

Pas de fruits, pas de courgette (ou alors de manière anecdotique), pas de haricots, pas de pois, et les tomates au compte-goutte. Le basilic souffre aussi, les poivrons n’arrivent pas à grandir, etc, etc, etc…

Alors, quand nous voyons les apôtres du miracle de la culture sans eau se pâmer devant un escroc de la soit-disant culture de légumes sans eau, nous nous disons qu’il y a et aura toujours des gens prêts à croire que l’on peut faire, sans effort et sans se faire mal, une production de fruits et légumes juste en plantant et en attendant.

Ce n’est pas possible, tout simplement.

Pas d’eau, pas de vie. La source de toute vie sur Terre, c’est l’eau, qu’on le veuille ou non, c’est ainsi.

Tous les rendements agricoles sont à la baisse, en tout cas chez ceux qui n’irriguent pas du matin au soir et du soir au matin. Et pas de manière anecdotique…

Celles et ceux qui peuvent s’en sortir ont la chance de ne pas être trop loin une rivière ou d’un fleuve; Mais ces conditions, nous l’avons tous vu il n’y a pas si longtemps, peuvent aussi être problématique en cas de fortes pluies sur de courtes périodes, entrainant inondations et destructions des plants, et donc des récoltes.

Nous n’avons pas de rivière (petite ou grande), pas de fleuve à proximité. Les veines qui passent dans ce sol calcaire sont depuis longtemps à sec (nous avons commencé à arroser nos cultures dès le mois d’Avril avec les premières plantations, après le coup de gel tardif à -5°C).

Depuis le mois de Juin, nous avons bien pris 2 orages avec des pluies significatives, mais pas trop quand même, sur une journée chacun.

Aujourd’hui, parce que nous ne pouvons plus physiquement faire ce que nous faisions avant, parce que nous n’avons pas de forage et pas d’eau en direct dans le jardin, nous nous concentrons sur 2 espaces, et laissons quasiment le reste à son sort.

Et même en faisant ainsi, aucune garantie que ça ne flanche pas si la pluie ne revient pas.

Et à priori, au moins jusqu’à la fin de la semaine prochaine, aucun espoir de pluie.

Le bilan de cet épisode 2022, que certain(e)s qualifient d’exceptionnel, est appelé à se répéter dans les années qui viennent, et à ne plus être une exception, mais un temps normal.

Nous avons joué, tous autant que nous sommes, à plus ou moins grande échelle, avec le feu, maintenant il nous brule.

Nous étions enfant en 1976, nous avons vécu cette sécheresse, nous avons vécu l’incendie dans la forêt de la Coubre avec nos pères volontaires pour aller faire des pare-feu avec les pompiers pour essayer de le stopper.

Et bien même cette année-là, les températures n’avaient pas été aussi hautes, la sécheresse autant installée et si chronique. Cette année-là n’est en rien comparable, pour moi, avec ce que nous vivons en ce moment, et dont les prémisses se faisaient déjà sentir il y a bientôt 8 ans.

Alors, s’il vous plait, ne croyez pas aux miracles et surtout aux faiseurs de miracles, car ça n’existe pas. Cultiver sans eau est impossible, à moins de se trouver sur une terre au milieu d’eau.

Nous espérons maintenant que l’année prochaine sera moins pire, que nous aurons un minimum de pluie, pas de gel fort tardif, et une récolte qui pourra vraiment assurer en partie notre consommation annuelle de fruits et légumes. Nous espérons…

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