Le Jardin Philosophe

La place que j’accorde à la nature dans la pratique des Permafraises

 Dans le cadre du Carnaval d’articles concernant « La place de la nature » lancé par le blog Jardiner futé (carnaval d’article), voici l’approche des Permafraises dans ce domaine. Ce carnaval d’articles de différents blogueurs permettra de vous faire connaître différentes approches sur le sujet et d’autres blogs concernant la culture des végétaux .

 

Dans les cultures traditionnelles, conventionnelles ou industrielles (cochez la case de votre choix), le sauvage n’existe pas car il n’est considéré comme allié, il n’est d’ailleurs pas considéré tout court.

Nous avons fait un choix tout autre, nous avons décidé que non seulement il avait sa place, mais qu’il pouvait nous aider. Il nous aura fallu attendre un certain nombre d’année afin de le vérifier, et ce fut le cas cette année.

Pour pouvoir cultiver, nous avons besoin d’espaces plus dégagés que d’autres, nous avons besoin de chemin et de passes-pieds afin de pouvoir accéder aux cultures. Mais notre configuration, nos choix font que nous avons des espaces qui peuvent rester à un état plus ou moins sauvages, en tout cas sans une intervention très régulière de notre part.

Pourquoi faire ainsi, et pour certains prendre ce risque de laisser le sauvage ?

C’est simplement parce que ces espaces remplissent certains rôles que nous serions obliger de pallier nous-mêmes. En fait, ces espaces laissé sauvages nous permettent de laisser son rôle à ces espaces, leurs rôles en tant que coupe-vent, de nourriture pour des prédateurs (limaces, insectes) de nos cultures et aussi comme garde-manger pour nos amis les oiseaux qui viennent réguler tout ceci.

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Sauvage à droite, cultivé à gauche

Comme ici, ou la haie sauvage permet de générer de la fraîcheur quand il fait chaud, donne un abri aux oiseaux et aux insectes, fournie des fleurs pour les pollinisateurs et permet ainsi de nous éviter nombre d’arrosage et de chasse à certains prédateurs. Cette haie fait office de brise-vent sur les vents de Sud-Ouest, assez dominant ces dernières années chez nous.

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Le sauvage presque au milieu des cultures

Nous avons ici des graminées qui permettent la vie d’insectes, dont les racines travaillent le sol, font office de brise-vent au milieu du champ. Nous avons ici aussi un ombrage qui s’installe à certaines heures de la journée, permettant ainsi d’économiser de l’eau sur les cultures proches. Nous avons même eu la joie de découvrir, ici ou ailleurs, des crapauds qui se sont installés, alors que nous n’avons pas de mare dans le champ. La seule présence du sauvage a ainsi l’avantage de permettre l’installation d’un prédateur des escargots, qui même s’ils ne sont pas très méchants, peuvent lourdement endommager une production de salades, voire décimer de jeunes plants. La régulation opère alors, et même si nous perdons quelques plants, la très grande majorité peut s’épanouir.

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Les arbres fruitiers  entre espaces sauvages et chemins constitués

Du côté des arbres fruitiers, l’espace, en début de saison du moins, est géré de la même manière, le sauvage montent, permettant à la vie de s’installer. Les couvertures du sol, au pied des arbres fruitiers jouent leur rôle bien sûr, mais le sauvage semble être un complément appréciable en début de saison, y compris pour les fraises (que l’on ne voit pas mais qui se trouvent aux pieds de ces arbres fruitiers).

La saison s’écoulant, nous sommes amenés évidemment à faucher le plus gros, qui deviendra paillis la plupart du temps ou finira broyé sous la tondeuse afin d’accélérer sa décomposition sur certains espaces cultivés, et amènera ainsi les nutriments (azote et carbone) nécessaire au bon développement de nos plants, arbustes et arbres. Et le cycle recommence ainsi jusqu’en fin de saison, et s’il pleut normalement nous pouvons avoir jusqu’à 3 cycles de ce genre sur une saison (qui chez nous peut aller de Mars à Novembre).

Un autre avantage certains que nous avons constaté, c’est le retour en masse d’oiseaux de toute sorte, signe s’il en est qu’ils ont de quoi s’installer mais aussi et surtout de manger, ce qui veut donc dire que les populations d’insectes sont en augmentation. Nous avons d’ailleurs très peu d’attaque (pour l’instant du moins) sur les fruits que nous pouvons avoir et récolter, signe sans doute que « nos » oiseaux ne meurt pas de faim.

Nous avons toujours essayé d’allier la partie cultivée et la partie sauvage de notre champ, dont la surface est petite (moins de 3000m² en tout) mais qui nous le rend bien.

 

Nous n’avons pas toutes les explications sur ces sujets, nous faisons énormément de choses « comme nous le sentons » sur le moment, nous essayons de « sentir le vent » et notre intuition fait le reste. Des fois ça marche, bien, et des fois ça ne passe pas, voire pas du tout. Nous corrigeons alors le tir. Tout ceci n’est pas une science exacte, il s’agit vraiment de réfléchir et de ressentir ce qui se passe, et ensuite de prendre une décision, et quoiqu’il arrive, de l’assumer. Et pour cela, nul guide disponible, nous faisons en fonction de la situation.

Je crois que nous sommes finalement assez éloigné du « laisser-faire » tout en en étant proche, d’une certaine manière. C’est presque une philosophie au final, impliquant une réflexion, un cap bien que tout ceci ne soit pas d’une rigidité absolue et que ça puisse être remis en cause, certaines fois d’un semaine à l’autre.

De l’art d’allier sauvage et cultivé, des fois c’est beau, des fois c’est moche, des fois ça plaît, des fois non, mais si ça fonctionne, le résultat peut presque paraître artistique.

Commentaires

  • Jean Claude Divet

    Salut Christophe !!
    Pour moi il n’y a pas de risque du tout à laisser une partie de son jardin en sauvage. C’est tout le contraire, tu rends à la nature ce qu’elle nous a toujours procuré avec grand bonheur. Laisser faire la nature ne peut qu’être bénéfique pour la nature et nous même les jardiniers. Voir tous ces insectes se croiser c’est formidable. Il n’y a pas de mauvaises herbes mais plutôt des plantes accompagnatrices. En tout cas bravo pour ton article que je partage entièrement.

    • Christophe

      Tu sais, cette année, nous avons eu le retour des abeilles charpentières. Elles sont originales celles-ci, elles adorent les fleurs de nos sauges papillons. Voir un bombardier (car elles sont grosses) atterrir sur un toute petite fleur supportée pas une tige frêle, voir le tout pencher presque jusqu’au sol et l’abeille rester sur le fleur, c’est assez marrant. Et pas agressives pour 2 sous ces abeilles en plus. Merci de tes encouragements.

      • Jean Claude Divet

        Oui d’année en année tu vas percevoir des changements qui seront tous bénéfiques. Chez moi les papillons, les sauterelles et les menthes religieuses étaient là tout cet été, jusqu’à même un réduve irascible que je ne connaissais pas. En fait il s’agissait d’une punaise très utile pour le jardin potager. Elle était magnifique. D’ailleurs j’en ai écrit un article. https://spotjardinmonsite.com/2017/08/06/le-reduve-irascible/

  • anatole M

    Bon, je suis d’accord et j’ai chez moi dans mon petit jardin des espaces que je laisse libre de s’épanouir, comme chez toi j’ai cette grosse abeille noire ou bleu qui fréquente les fleurs annuelles (aganthe) chaque année, ainsi que des gros insectes (moro-sphinx).
    https://panierofplenty.files.wordpress.com/2013/08/aganthe.jpg
    A pluche.

  • Heikel

    Merci beaucoup pour cette magnifique participation à mon carnaval d’articles !
    Cela fait très plaisir de lire un article aussi beau.

    Votre jardin est vraiment beau, et la place que vous laissez à la nature est prépondérante ! Pourquoi ne pas installer une mare plus ou moins grande ? 🙂

    • Christophe

      Bonjour. En fait, la type de notre terre (argileux-calcaire) suffit à une bonne rétention d’eau. Les crapauds reviennent sans mare. Et je pense que pour l’instant, ce n’est tout simplement pas dans les tablettes. Mais un jour peut-être, qui sait. Et puis, pour essayer d’avoir un peu d’eau disponible, nous avons, un peu partout sur le terrain, installé des poubelles. L’eau s’accumule dedans au fur et à mesure des pluies. Nous avons de « fausses petites mares » disponible quasiment toute l’année, sauf s’il fait trop chaud. Merci en tout cas pour vos observations.

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